cumuler l’APA avec la retraite, quelles possibilités en France

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Un retour en France ne gomme jamais totalement les traces de l’ailleurs. Sur les feuilles de calcul de la retraite, ce sont parfois les souvenirs d’expatriation qui refont surface, porteurs de questions inattendues. Peut-on réellement additionner les retraites acquises ici et là-bas, tout en sollicitant l’APA, ce soutien précieux face à la perte d’autonomie ? L’inconnu rôde entre les montants et les cases à cocher.

Face à la complexité du système, une réalité méconnue s’impose : les systèmes français et américains, loin de s’exclure, peuvent fonctionner de concert. Pour certains, c’est l’opportunité de renforcer leur sécurité financière ; pour d’autres, la perspective d’une montagne de paperasse et de calculs. Pourtant, il est tout à fait possible de transformer une carrière à l’international en atout lors de la retraite, à condition de s’orienter dans ce maquis réglementaire.

Comprendre l’APA et la retraite : deux dispositifs complémentaires pour les seniors

La retraite sert à assurer un revenu une fois la vie professionnelle terminée. À côté, l’allocation personnalisée d’autonomie vise un objectif bien distinct : aider les personnes âgées qui font face à une perte d’autonomie, en finançant les services ou équipements nécessaires pour vivre chez soi ou en établissement spécialisé (EHPAD, USLD).

Il ne s’agit donc pas de confondre ces deux ressources. L’APA n’est pas une pension, mais une aide destinée aux plus de 60 ans installés en France, dont la dépendance est évaluée à l’aide de la grille GIR (groupes iso-ressources). Seuls les niveaux 1 à 4 permettent d’y accéder. Le conseil départemental joue ici un rôle central : il évalue chaque situation et construit un plan d’aide sur-mesure, qu’il s’agisse d’une assistance à domicile, de la location de matériel médical ou d’un accueil temporaire.

Voici ce que recouvrent les deux grandes formes de l’APA :

  • APA à domicile : prise en charge partielle des frais pour permettre de rester chez soi, même en situation de dépendance.
  • APA en établissement : aide financière pour couvrir une partie des coûts de l’hébergement en structure spécialisée.

Le montant de la retraite influence la contribution financière demandée, mais ne constitue jamais un obstacle à l’obtention de l’APA. Pas de mise en concurrence : chaque dispositif répond à une problématique différente, et le conseil départemental ajuste le montant en fonction de la réalité de chaque dossier.

Cumul APA et pension de retraite : que dit la réglementation française ?

En France, APA et retraite ne s’opposent pas. L’allocation personnalisée d’autonomie n’est pas considérée comme un revenu imposable, mais comme un soutien destiné à compenser la perte d’autonomie, sans tenir compte du montant de la pension. Toute personne retraitée remplissant les critères de dépendance et de résidence a la possibilité de la demander, même si elle bénéficie d’autres aides sociales telles que le minimum vieillesse (ASPA).

L’APA se distingue d’autres dispositifs tels que l’aide sociale à l’hébergement (ASH) ou la prestation de compensation du handicap (PCH). Certaines de ces aides peuvent être récupérées sur la succession ou sont soumises à des plafonds de ressources très stricts ; l’APA, elle, ne laisse aucune dette à la famille et n’est pas récupérable après le décès.

Pour s’y retrouver, il est utile de garder à l’esprit les points suivants :

  • L’APA se combine librement avec la pension de retraite et la plupart des autres allocations, à l’exception de certaines aides spécifiques comme la PCH ou la prestation complémentaire pour recours à tierce personne.
  • Le montant versé dépend à la fois du classement GIR (de 1 à 4) et des ressources du bénéficiaire.
  • Le conseil départemental ajuste la participation financière selon le revenu global, sans appliquer de seuil automatique basé uniquement sur la pension.

Ce fonctionnement permet d’éviter qu’une retraite prive de l’accompagnement nécessaire à l’autonomie. Il faut cependant veiller à ne pas solliciter deux aides qui couvriraient exactement le même besoin d’assistance : l’objectif reste de fournir un soutien personnalisé, sans doublon.

Peut-on percevoir l’APA tout en continuant une activité professionnelle à la retraite ?

Certains choisissent de poursuivre une activité professionnelle après avoir quitté la vie active principale. Cela n’empêche pas de demander l’APA en parallèle. Qu’il s’agisse de salaires, de pensions ou de revenus de placement, la nature des ressources ne constitue pas un critère bloquant pour accéder à l’aide, telle que définie par le conseil départemental.

L’APA cible la dépendance liée à la perte d’autonomie, déterminée selon la grille AGGIR (GIR 1 à 4). Que le demandeur ait une activité professionnelle ou non, seul le degré d’autonomie entre en ligne de compte.

Quelques éléments permettent de comprendre l’impact des ressources sur le calcul de l’allocation :

  • Le montant de l’aide dépend à la fois du niveau de dépendance et de l’ensemble des ressources déclarées : salaires, pensions, revenus immobiliers, etc.
  • Continuer à travailler augmente généralement la participation financière à la charge du bénéficiaire, mais ne remet pas en cause l’accès à l’APA.

Les plafonds d’aide évoluent en fonction du classement GIR, révisés chaque année. L’administration départementale détermine la part restant à charge en prenant en compte tous les revenus, y compris ceux issus d’une activité professionnelle après la retraite.

GIR Montant maximum de l’APA (2024, en euros)
1 1 930,04 €
2 1 553,22 €
3 1 118,61 €
4 746,54 €

Travailler ne ferme donc aucune porte : c’est le niveau de dépendance et le total des ressources qui redessinent le calcul de l’APA. Retraite ou salaires, tout est pris en compte pour établir la participation finale.

retraite cumul

Les démarches à suivre pour bénéficier de l’APA en étant retraité

La demande d’allocation personnalisée d’autonomie (APA) reste accessible à chaque retraité en situation de dépendance, qu’il vive à domicile ou dans une structure spécialisée. Le conseil départemental pilote l’ensemble du processus, sans distinction entre ceux qui exercent encore une activité et les autres.

Voici les principales étapes et documents à prévoir pour lancer la procédure :

  • Le dossier APA s’obtient auprès du centre communal d’action sociale (CCAS), du conseil départemental, ou parfois directement en ligne via le site du département.
  • Certains justificatifs sont à fournir : avis d’imposition, pièce d’identité, RIB, justificatif de domicile, attestation de retraite, carte mobilité inclusion le cas échéant.

Après dépôt du dossier, une équipe médico-sociale se déplace pour évaluer la dépendance selon la grille GIR, puis élabore un plan d’aide personnalisé. L’allocation personnalisée permet alors de financer tout ou partie des dépenses : aides à domicile, adaptation du logement, prise en charge en établissement, etc.

La décision, rendue par le conseil départemental, fixe le montant de l’aide, le niveau de prise en charge et la part éventuellement laissée à la charge du bénéficiaire, selon l’ensemble des ressources (pension, aides au logement, autres revenus). À chaque étape, le CCAS peut accompagner le demandeur, faciliter la constitution du dossier et éviter les embûches administratives.

Le parcours administratif en France a parfois des allures de labyrinthe. Mais pour ceux qui s’arment de patience et d’un brin de méthode, le cumul APA et retraite devient une voie accessible. L’essentiel, c’est de ne pas laisser l’inertie dicter la suite, car les années qui s’annoncent méritent mieux qu’un simple calcul d’arrérages : elles se jouent, aussi, dans la capacité à saisir chaque soutien disponible.